La vulve et le clitoris dans l'art préhistorique
Sais-tu que dans l'art préhistorique, la vulve est la représentation sexuée la plus répandue? Viennent ensuite les représentations de corps de personnes à vulve, celles de corps de personnes à pénis, puis les représentations de pénis.
Gravées, sculptées, peintes ou modelées, les vulves sont exposées dans les habitats et ne sont donc pas cachées. Leur forme et leur "état" varient selon les représentations. Plus ou moins détaillées, plus ou moins gonflées, d'âge plus ou moins avancé, parfois intersexes, etc.
Sur certaines, les détails sont tels qu'on distingue clairement le gland et la capuchon du clitoris !
Il n'y a aucune trace écrite laissée par nos ancêtres. Ainsi, ces représentations de vulves posent plusieurs problèmes de compréhension aux scientifiques.
L'usage
Longtemps, les scientifiques ont affirmé sans preuve à l'appui que ces vulves étaient vouées à des cultes de la fécondité et ils ont réduit cet organe à la fonction reproductive. Aujourd'hui, on envisage une fonction érotique (plaisir), voire éducationnelle.
Et si la diversité des représentations alimentait une sorte de catalogue anatomique ou de savoirs sur la sexualité ?
La variation esthétique
Jusqu'en - 13 000 environ, les vulves sont représentées de façon très détaillée, et puis pour une raison qu'on comprend mal, elles deviennent plus schématiques et standardisées (triangle vulvaire). Changement de statut social ? Changement idéologique ? Ou simple standardisation pour faciliter la communication avec les autres groupes ? Aucun consensus ne se dégage des travaux scientifiques.
La disparition de cette pratique
Progressivement à la fin de la Préhistoire, les représentations de vulves disparaissent et celles de pénis deviennent de plus en plus nombreuses. Il est difficile de restituer clairement le phénomène mais on peut noter que ce moment correspond à la phase de sédentarisation des Homo sapiens et d'apparition des hiérarchies sociales.
Les personnes à vulve changent de statut. Pendant des siècles et des siècles, leur anatomie et leur puissance sexuelle sont invisibilisées et/ou réduites à la procréation. "Cachez cette vulve que je ne saurais voir".
Sources :
H. Delporte, "Fouilles de Brassempouy en 1982, 1983 et 1984" (1985)
J-P. Duhard, B. et G. Delluc, Représentations de l'intimité féminine dans l'art paléolithique en France (2014)
J-P Duhard & A. Roussot, "Une vulve anatomique sur un bâton percé magdalénien du Roc-de-Marcamps" (2013)
S. Petrognagni, "De Chauvet à Lascaux : l'art des cavernes, reflet des sociétés préhistoriques en mutation" (2013)
E. Pincat, T. Cirotteau & J. Kerner, Lady Sapiens (2021)
L. Strömsqvist, L'origine du monde (2016)